http://www.unifr.ch//spc/UF/98mars/levinas.html
Hommage à LevinasPour célébrer la mémoire du philosophe, le Prof. Ruedi Imbach avait réuni Bluette Nordmann, Jacques Derrida, Walter Lesch et Serge Margel autour du thème: ¡ìCe que nous devons à Emmanuel Levinas¡í. Avant cette table ronde, les 300 auditeurs ont écouté les conférences des Professeurs Alain David et Stéphane Moses. Ce dernier, germaniste à l'Université de Jérusalem, ami proche de Levinas, évoque celui qui fut un de ses maîtres à penser. Quelle est l'idée majeure que vous retenez de la philosophie de Levinas ? C'est l'idée de l'extériorité. Je me souviens avoir lu dans un journal un texte de Levinas sur l'extériorité. Il y avait une formule qui m'a frappé comme la foudre, les ¡ìmerveilles de l'extériorité¡í: ce qui est extérieur à moi, ce qui dépasse les limites de mon moi narcissique, est une merveille. Cette idée est restée au centre de sa philosophie et a été pour moi une révolution philosophique. Mon travail doit beaucoup à Levinas, qui a été la personne qui m'a le plus encouragé dans ma vie, avec une extraordinaire générosité intellectuelle. Emmanuel Levinas avait-il un message politique ? Il avait une réserve et une espèce de recul fondamental vis-à-vis du politique. Il n'aimait pas la réalité politique. Il pensait que le destin de l'homme se jouait dans l'éthique, dans son intériorité et que, même si la socialité jouait son rôle, l'histoire en train de se faire dans le politique, c'était la guerre, le triomphe des forts, la déroute des faibles. Tout le contraire de ce qui faisait pour lui la valeur de l'homme. Il a ainsi longtemps évité de prendre des positions politiques à une époque où, en France, tous les grands intellectuels se devaient de le faire. Levinas était inconditionnellement attaché à l'Etat d'Israël, comme beaucoup d'autres de sa génération qui étaient passés par l'expérience de l'extermination des Juifs. Mais il avait évidemment beaucoup de critiques à l'égard de la politique israélienne. Il se gardait pourtant de les exprimer en public. Il suffit de lire certains de ses textes entre les lignes, surtout Etat de David, Etat de César ou Honneur sans drapeau. Au moment où le problème palestinien est devenu très aigu, Levinas s'est trouvé dans une situation difficile, puisque sa théorie de l'altérité était mise à l'épreuve. C'était l'époque où il avait développé l'idée du tiers. Le palestinien était le tiers et il fallait lui rendre justice. Mais il était très embarrassé vis-à-vis de tout cela. Ses non-prises de position lui ont valu beaucoup de critiques. C'est certainement l'une des grandes pierres d'achoppement de sa philosophie. Propos recueillis par Charly Veuthey Encart: Une Fondation pour rapprocher les cultures Voulant favoriser la compréhension de la pensée juive, Jean Nordmann fut l'instigateur de la venue de Levinas à Fribourg. La famille Nordmann a poursuivi cet effort de rapprochement en créant, en 1990, une Fondation chargée de favoriser les liens entre l'Université hébraïque de Jérusalem et celle de Fribourg. A l'occasion de cette rencontre d'hommage à Levinas, Mme Bluette Nordmann a rendu un vibrant hommage à l'homme exceptionnel que fut ce philosophe: ¡ìIl était humain. Vis-à-vis des choses qui se sont passées dans le monde, vis-à-vis des souffrances qu'il a subies, étant ballotté de Lituanie en Russie, puis de Russie en Allemagne, en France, il a gardé confiance dans l'homme. Et cette confiance dans l'homme signifie quand même une ligne de vie extraordinaire. Ce n'était pas une confiance aveugle: il était là au service de l'homme et l'homme n'était pas là à son service. Je crois que c'était un grand trait de caractère de Levinas.¡í Universitas Friburgensis mars 98 |
·¹ºñ³ª½º¿¡ ´ëÇÑ Á¸°æ öÇÐÀÚ¿¡ ´ëÇÑ ±â¾ïÀ» ±â¸®°íÀÚ, Ruedi Imbach±³¼ö´Â Bluette Nordmann, Jacques Derrida, Walter Lesch, Serge Margel°ú ´ëȸ¸¦ °¡Á³´Âµ¥, ÁÖÁ¦´Â <<¿ì¸®°¡ ·¹ºñ³ª½º¿¡°Ô Áö°í ÀÖ´Â ºú>>À̾ú´Ù. ÀÌ ¿øŹ ¾Õ¿¡´Â, 300¸íÀÇ Ã»ÁßµéÀÌ Alain David°ú Stephane MosesÀÇ °¿¬À» °æûÇß´Ù. ¿¹·ç»ì·½ ´ëÇÐÀÇ µ¶ÀÏÇÐÀÚÀÌÀÚ ·¹ºñ³ª½º¿Í ÀýÄ£ÇÑ Ä£±¸ÀÎ ½´Å×ÆÇ ¸ð¼¼´Â ÀÚ½ÅÀÇ »çÀ¯ÀÇ ½º½Â°¡¿îµ¥ ÇÑ»ç¶÷À̾ú´ø ºÐÀ» ¶°¿Ã·È´Ù. ¹°À½) ´ç½ÅÀº ·¹ºñ³ª½ºÀÇ Ã¶ÇÐ °¡¿îµ¥ ¾î¶² »ç»óÀ» °¡Àå Áß¿äÇÏ°Ô »ý°¢ÇÏ°í ÀÖ´ÂÁö¿ä? ´äº¯) ±×°Ç ¿ÜÀ缺/¿Ü¸é¼ºÀÇ »ç»óÀÔ´Ï´Ù. ³ª´Â ¾î´À ÀâÁö¿¡¼±°¡ ¿ÜÀ缺¿¡ ´ëÇÑ ·¹ºñ³ª½ºÀÇ ÅؽºÆ®¸¦ Àоú´ø °ÍÀ¸·Î ±â¾ïµË´Ï´Ù. °Å±â¿¡¼ ³ª¿¡°Ô û·Â º´·Â°°ÀÌ ´Ù°¡¿Â Á¤½Ä±¸°¡ ÀÖ¾ú´Âµ¥ ±×°Ç ¹Ù·Î <<¿ÜÀ缺ÀÇ °æÀÌ>>¶ó´Â ¹®±¸¿´½À´Ï´Ù. ´Ù½Ã ¸»ÇØ, ³» ¹Ù±ù¿¡ ÀÖ´Â °Í, ³ªÀÇ Àڱ⵵ÃëÀû ÀÚ¾ÆÀÇ ÇѰ踦 ÃÊ¿ùÇÏ´Â °ÍÀº ÇϳªÀÇ °æÀÌ·Î¿î »ç°ÇÀÔ´Ï´Ù. ÀÌ ¿ÜÀ缺ÀÇ »ç»óÀÌ ·¹ºñ³ª½º »ç»óÀÇ ÇÙ½ÉÀ¸·Î ³²¾Æ ÀÖ°í ³ª¿¡°Ô À־ öÇÐÀÇ Çõ¸íÀ̾ú½À´Ï´Ù. ³ªÀÇ ¿¬±¸´Â ·¹ºñ³ª½º¿¡°Ô ¸¹ÀÌ ºúÁö°í ÀÖÁö¿ä, ¿Ö³ÄÇÏ¸é ±×´Â Æ¯º°È÷ ÁöÀûÀÎ °ü´ëÇÔ°ú ÇÔ²² ³ªÀÇ »îÀ» °¡Àå °í¹«½ÃÄÑÁÖ¾ú´ø Àι°À̾ú±â ¶§¹®ÀÔ´Ï´Ù. ¹°À½) ¿¥¸¶´©¿¤ ·¹ºñ³ª½º¿¡°Ô Á¤Ä¡Àû ¸Þ½ÃÁö°¡ ÀÖ´Ù°í º¸½Ê´Ï±î? ·¹ºñ³ª½º´Â Á¤Ä¡¿¡ ´ëÇØ ±Ùº»ÀûÀÎ ÈÄÅðÀÇ ¿©Áö°¡ ÀÖ½À´Ï´Ù. ±×´Â Á¤Ä¡Çö½ÇÀ» ÁÁ¾ÆÇÏÁö ¾Ê¾Ò½À´Ï´Ù. ±×´Â Àΰ£ÀÇ ¿î¸íÀÌ À±¸®¿¡¼, ³»À缺¿¡¼ À¯ÈñÇÑ´Ù°í »ý°¢ÇßÀ¸¸ç, ºñ·Ï »çȸ¼º(»ç±Ñ,½î½Ã¿¤¸®¶¼)ÀÌ ±× ¿ªÇÒÀ» ¸Ã¾Ò´ÙÇصµ, Á¤Ä¡¿¡¼ ÀÌ·ç¾îÁö´Â ¿ª»ç´Â ÀüÀïÀ̾ú°í, °ÀÚµéÀÇ ½Â¸®À̸ç, ¾àÀÚµéÀÇ Æй迴´Ù°í »ý°¢Çß½À´Ï´Ù. ±×°¡ º¼ ¶§ Àΰ£ÀÇ °¡Ä¡¸¦ ¸¸µé¾ú´ø °Í°ú´Â ÆÇÀÌÇÏ°Ô ´Þ¶ú´ø °ÍÀÌÁÒ. ±×´Â ¶ÇÇÑ ÇÁ¶û½ºÀÇ ¸¹Àº À§´ëÇÑ Áö½ÄÀεéÀÌ Á¤Ä¡Àû ÀÔÀåÀ» ÃëÇÏ´ø ½Ã´ë¿¡ Á¤Ä¡Àû ÀÔÀåÀ» ¿À·§µ¿¾È ÃëÇÏÁö ¾Ê¾Ò½À´Ï´Ù. ·¹ºñ³ª½º´Â ¹«Á¶°Ç À̽º¶ó¿¤ ±¹°¡¿¡ ¾ÖÂøÀ» ´À²¼½À´Ï´Ù. À¯´ëÀÎ ¸ô»ìÀÇ °æÇèÀ» °ÞÀº Àڱ⠼¼´ëÀÇ ¸¹Àº »ç¶÷µéó·³ ¸»ÀÌÁÒ. ÇÏÁö¸¸ ±×°¡ À̽º¶ó¿¤ÀÇ Á¤Ä¡¿¡ ´ëÇØ ºñÆÇÀ» ¸¹ÀÌ Çß´ø °ÍÀº ºÐ¸íÇÑ »ç½ÇÀÔ´Ï´Ù.±×·³¿¡µµ ºÒ±¸ÇÏ°í ±×´Â À̽º¶ó¿¤ Á¤Ä¡¿¡ ´ëÇÑ ºñÆÇÀ» °ø°³ÀûÀ¸·Î µå·¯³»Áö´Â ¾Ê¾Ò½À´Ï´Ù. ÀÌÁ¡¿¡ ´ëÇؼ±, ±×ÀÇ ÅؽºÆ® Áß ¸î¸î ÅؽºÆ®¸¦ Á¶½É½º·´°Ô Àдٺ¸¸é ¾Ë ¼ö Àִµ¥, ƯÈ÷ <´ÙÀÀÇ ±¹°¡, Ä«À̻縣ÀÇ ±¹°¡ ȤÀº ±ê¹ß ¾ø´Â ¿µ±¤>À̶ó´Â ÅؽºÆ®¸¦ Àо¸é ÃæºÐÈ÷ ¾Ë ¼ö ÀÖ½À´Ï´Ù. ÆÈ·¹½ºÆ¾ ¹®Á¦°¡ ¾ÆÁÖ Ã·¿¹ÇÏ°Ô ´ëµÎµÇ¾úÀ» ¶§, ·¹ºñ³ª½º´Â ¾î·Á¿î »óȲ¿¡ ÀÖ¾ú½À´Ï´Ù. ¿Ö³ÄÇÏ¸é ±×ÀÇ ÀÌŸ¼ºÀÇ ÀÌ·ÐÀÌ Àǹ®¿¡ ºÎÃÄÁ³±â ¶§¹®ÀÔ´Ï´Ù. ¹Ù·Î ±× ½Ã´ë¿¡ ±×´Â Á¦3ÀÚÀÇ »ç»óÀ» °è¹ß½ÃÄ×´ø °ÍÀÔ´Ï´Ù. ÆÈ·¹½ºÆ¾ÀÎÀº Á¦3ÀÚ¿´´Âµ¥ ±×°ÍÀÌ ¹Ù·Î ±×·Î ÇÏ¿©±Ý Á¤ÀÇ ¹®Á¦¿¡ °ü½ÉÇϵµ·Ï ÇÏ¿´½À´Ï´Ù. ±×·¯³ª ±×´Â ±× ¸ðµç °Í¿¡ ´ëÇØ ³Ã³ÇÑ »óȲ¿¡ ºüÁ³¾ú½À´Ï´Ù. ±×°¡ ÀÔÀåÀ» ÃëÇÏÁö ¾ÊÀº °ÍÀÌ ±×¿¡°Ô »ó´çÇÑ ºñÆÇÀ» ºÒ·¯ÀÏÀ¸Ä×½À´Ï´Ù. ºÐ¸í ±×°ÍÀÌ ±×ÀÇ Ã¶ÇÐÀÇ ¶æÇÏÁö ¾ÊÀº Ä¿´Ù¶õ Àå¾Ö¹°À̾ú½À´Ï´Ù. |